Économie

Gisèle Halimi, l’icône de la cause des femmes s’est éteinte

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Written by Stephane Leroy

Avocate de profession qui a toujours défendu des militants durant la guerre d’Algérie, Gisèle Halimi incarne la femme insoumise et battante de sa promotion. Aussi connue pour son combat au titre de la libéralisation de l’avortement et de la criminalisation du viol, Gisèle Halimi est décédée à l’âge de 93 ans le lendemain de son anniversaire, le 28 juillet 2020.

Un parcours personnel et professionnel atypique

Née le 27 juillet 1927 à Tunis, Zeiza Gisèle Elise Taïeb se considère comme étant un enfant « non désiré » par son père Edouard, comme elle le relate dans son livre La Cause des femmes (Grasset, 1974). Les relations tumultueuses avec sa mère avaient marqué son enfance, surtout lorsque Gisèle, à 10 ans, défie la décision parentale retirant son droit à la lecture. La petite fille s’était même résolue jusqu’à faire une grève de la faim pour défendre sa cause , affirme-t-elle dans son récit autobiographique intitulé Le Lait de l’oranger (Gallimard, 1988) et son livre Fritna (Plon, 2000).

Défiant les préceptes religieux de sa famille juive, à 16 ans, elle dénie un mariage arrangé et parvient à étudier le droit en France pour ensuite revenir à Tunis et s’inscrire au barreau en 1949.

Par la suite, elle s’installe en France en 1956 et épouse un certain Paul Halimi, administrateur civil, et donne naissance à deux fils. Elle divorce par la suite, mais garde le nom par lequel elle s’est fait connaître et épouse le secrétaire de Jean-Paul Sartre, Claude Faux avec lequel elle aura un troisième fils. Les célèbres procès de Djamila Boupacha en 1962 et de Bobigny en 1972, celui de 1978 dans les Bouches-du-Rhône, ont ouvert le chemin vers la loi de 1980 reconnaissant le viol comme étant un crime.

Militante et écrivaine dans l’âme

Au début de la guerre d’Algérie, Gisèle Halimi a participé à la signature du Manifeste des 121 en septembre 1960 aux côtés de Sartre et  d’autres signataires. C’est en apprenant qu’une fille de 22 ans, une Algérienne nommée Djamila Boupacha, suspectée d’avoir posé une bombe, arrêtée, torturée et violée par des soldats français, que sa bataille a commencé. Elle a décidé de la défendre.

Malgré la brillante plaidoirie de Maître Gisèle Halimi, Djamila a été condamné à mort lorsqu’elle est jugée en France, à Caen, en 1961. Elle sera cependant amnistiée et remise en liberté en 1962 après les Accords d’Evian qui marquent la fin de la guerre d’Algérie.

Amie très proche de Simone de Beauvoir, les deux femmes publient avec d’autres écrivains le livre Djamila Boupacha (Gallimard, 1962), qui témoigne de toute l’affaire et dont la page de couverture montre le portrait de Djamila dessiné par Pablo Picasso. L’histoire a également fait l’objet d’un téléfilm réalisé par Caroline Huppert. Dès lors, Gisèle Halimi devient l’avocate des causes difficiles.